Des Mots... Des Livres
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 La rose et l'épée

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blacky
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MessageSujet: La rose et l'épée   La rose et l'épée Icon_minitimeSam 25 Oct - 23:12

Laissez moi vous narrer l’histoire de l’homme qui forgea son propre destin. Cette histoire se déroula il y a bien longtemps à une époque où régnait un roi féroce. Tanas était son nom et sa cruauté n’avait d’égale que la noirceur de son âme. Il était sans pitié contre ceux qui allait contre sa volonté et le contrariait. Son peuple mourrait de faim tandis que lui festoyait jour et nuit. Il n’était pas marié et n’avait toujours pas d’héritier alors que le poids des années commençait à voûter ses épaules. Il devait se hâter de prendre une femme et de concevoir un fils avant que ne vienne l’impuissance. Tous les nobles lui présentèrent leurs filles mais aucune ne sut le charmer. Il envoyait maintenant ses soldats chercher les plus belles jeunes filles du royaume.

*
**


A deux jours de cheval, dans un petit village, vivait la plus belle fille du royaume. Elle était la fille du boucher. Ses cheveux étaient aussi sombres que la nuit et contrastait avec la blancheur de sa peau. Ses yeux étaient pareils à deux saphirs brillant de vie et d’intelligence. Sa voix cristalline rendait terne le chant des rossignols. Elle incarnait la bonté même. Tous les jeunes hommes du village l’aimaient. Et tous recherchaient son amour sauf un, le fils du forgeron. Aucun ne connaissait son prénom. Elle n’avait d’yeux que pour le seul qui n’était pas perdu en contemplation devant elle mais qui la fuyait. Il se réfugiait derrière son enclume et battait le fer chaud. C’était Lucellus, le fils du forgeron, qui aidait son père toute la journée durant. Il était taillé dans un roc. Le maniement du marteau sur l’enclume depuis son plus jeune âge lui avait donné une musculature fort développée. En opposition à son corps, les traits de son visage étaient très fins, presque féminins. Ses cheveux étaient de la couleur du soleil et descendaient en une longue tresse en dessous de ses omoplates. Ses yeux avaient la couleur et l’éclat d’une émeraude. Il était d’une timidité maladive et son âme était généreuse. Ses talents de forgeron avaient dépassé ceux de son père depuis longtemps mais il ne voulait pas des honneurs et les lui laissait.

Lucellus passait ses nuits à rêvasser de la fille du boucher mais était bien incapable de lui montrer au grand jour. Une nuit, il eut l’idée de lui forger une rose en fer. Il y travailla dès qu’il avait un peu de temps libre. Il y mit tout son amour. Il obtint une rose en fer d’une telle beauté qu’elle ternissait la splendeur de ces fleurs. Il la portait sur lui, ne sachant comment lui donner. Il semblait ne plus dormir tant ses yeux étaient cernés. Il se rendait malade tant il était devant un dilemme.

La fille du boucher s’appelait Lyssandre et restait cloîtré dans sa chambre et passait ses journées à regarder par sa fenêtre. Un matin, au lever du jour, un objet reflétait le soleil et le renvoyait sur le visage de Lyssandre, la sortant de son sommeil. Intriguée, elle se leva, enfila une robe de chambre et s’approcha de la fenêtre. Elle l’ouvrit et découvrit la rose en fer qu’avait forgé Lucellus. Il l’avait déposé sur le rebord de la fenêtre pendant la nuit au prix d’efforts et de prises de risques pour atteindre l’étage ou était la chambre de Lyssandre. Elle sut que ce cadeau venait de Lucellus car qui d’autre que lui aurait pu forger une aussi belle rose. Elle était folle de joie de savoir qu’il l’aimait. La journée commençait fort bien pour elle.

A la forge, Lucellus apprit d’un habitant du village voisin que les soldats du roi étaient en chemin et arriveraient d’ici deux heures pour embarquer la plus belle fille du village. Cette fille ne pourrait être que Lyssandre, la fille du boucher, celle qu’il aimait. Mais comment pourrait-il les empêcher de l’emporter avec eux. Il devait la prévenir par n’importe quel moyen. Il quitta la forge en courant, son marteau à la main. Il bousculait tout le monde sur son passage et sprintait vers la demeure du boucher à l’autre bout du village, aucunement ralenti par son imposant marteau de forgeron. Il parvint enfin à destination et entra dans la boucherie. Il s’adressa au père de Lyssandre, à peine essoufflé par sa course, son marteau dans les mains.

- Monsieur, les soldats du roi arrivent ici. Ils viennent chercher votre fille. Vous devez la leur cacher. Ils ne doivent pas la prendre.

Le boucher regardait Lucellus en fronçant les sourcils. Il était honoré que l’on vienne chercher sa fille pour l’amener auprès du roi. Il ne comptait pas les en empêcher mais plutôt leur réserver un bon accueil.

- Ecoute gamin, pourquoi devrais-je refuser un tel honneur ? Un père ne peut rêver meilleur mariage pour sa fille qu’avec un roi. J’espère bien que son altesse Tanas fera de ma fille sa femme. Retourne à ta forge et fous moi la paix.

Lucellus reçut ces paroles de plein fouet et en resta abasourdi. Il devait agir pour empêcher qu’ils n’emportent la fille du boucher. Il s’arma de tout son courage. Ses joues se dardaient à l’avance de rouge tant ce qu’il allait dire lui était difficile et gênant.

- Mais monsieur, j’aime votre fille. Je veux la prendre pour épouse et la couvrir de bonheur.

Le boucher éclata de rire à la face de Lucellus. Il se moquait bien des sentiments du jeune homme. Il ne changerait d’avis pour rien au monde. Il se voyait déjà aux festivités du mariage entre le roi et sa fille.

- Je n’en ai que faire de tes sentiments à l’égard de ma fille. Ton amour ne vaut rien face à un mariage entre ma douce Lyssandre et le roi Tanas. Va-t-en avant que je ne me décide à t’y aider par la force.

Joignant le geste à la parole, il brandissait au dessus de sa tête son couteau. Lucellus préféra sortir de la boucherie et se retrouva face aux soldats du roi qui venaient d’arriver. Le sergent qui commandait la troupe lui ordonna de s’écarter. Le jeune forgeron, pour toute réponse, lui envoya son marteau de toutes ses forces au visage, lui écrasant les os dans un craquement écoeurant. Le corps sans vie du sergent s’affala sur le sol dans un tintement de métal funèbre. Les soldats s’approchèrent de Lucellus avec un regard haineux. Le jeune homme faisait tournoyer son marteau au dessus de sa tête et frappait du haut vers le bas en direction des soldats. Il en envoya plusieurs au tapis avant qu’une lance ne se plante dans son ventre. Il lâcha son marteau et tomba à terre, les mains sur sa plaie d’où s’échappait en un torrent son sang. Les soldats l’enjambèrent et entrèrent dans la boucherie. Ils en ressortirent quelques minutes plus tard accompagnés de Lyssandre qui tenait précieusement la rose en fer. Ils quittèrent la ville alors qu’elle pleurait à chaudes larmes depuis qu’elle avait vu le corps ensanglanté de Lucellus devant la boucherie. Les soldats avaient emporté les corps sans vie des leurs que les le forgeron avait tué. Le père de Lucellus, averti par un des villageois, vint chercher son fils qui avait déjà perdu beaucoup de sang et l’emmena chez eux pour l’y soigner. Il ne restait plus qu’une mare de sang devant la boucherie comme seul signe de l’altercation. Les villageois avaient déserté les rues sur le passage du forgeron portant son fils inanimé et blessé dans ses bras.
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MessageSujet: Re: La rose et l'épée   La rose et l'épée Icon_minitimeMer 5 Nov - 21:54

*
**


Deux semaines s’étaient écoulées depuis ce jour. Le forgeron avait passé jour et nuit au chevet de son fils, le soignant et pansant ses plaies. Lucellus était plongé dans le sommeil à longueur de journées à l’aide de plantes à effets sédatifs. Il n’émergeait que de temps à autre. Instants où son père lui donnait à boire et à manger en le tenant informé de ce qu’il se passait. Sa plaie s’était bien refermée et il pourrait très prochainement se lever. La nouvelle arriva au village que le roi avait décidé de prendre pour femme la fille du boucher, Lyssandre. Le mariage devait avoir lieu au solstice d’été, soit dans deux semaines.

*
**


Dans une chambre du château royal, Lyssandre était assise sur le rebord de la fenêtre. Elle pleurait à chaudes larmes, la rose en fer dans ses mains. Elle croyait Lucellus mort et gardait cette image de lui baignant dans son sang. Elle maudissait le roi et ses soldats. Elle était répugnée à l’idée qu’elle allait épouser Tanas. Elle se refusait à quitter sa chambre. Elle ne voulait rien avoir à faire avec ces gens qui n’étaient pas ses amis. Elle se sentait complètement abattue. Elle était condamnée à une vie dont elle ne voulait pas. Devenir l’épouse d’un tyran et pleurer l’homme qu’elle aimait.

*
**


Au village, chez le forgeron, dans la chambre, Lucellus se réveilla. Sa blessure ne lui faisait plus mal. Son teint était fort pâle. Il était très affaibli par ces deux semaines d’alitement. Son père le regardait en souriant. Il était heureux que son fils soit rétabli. Il l’embrassa sur le front affectueusement. Il ne lui annonça pas la nouvelle qui était parvenue au village. Il savait que son fils réagirait violemment en l’apprenant. Il préférait attendre que Lucellus ait récupéré plus de forces. Seulement là, il lui apprendrait. En attendant, il aida son fils à se lever du lit et à marcher.
Le père de Lucellus l’avait élevé depuis son plus jeune âge. Sa mère était morte en le mettant au monde. Lucellus ne l’avait donc jamais connu. Son père lui avait donné autant d’amour qu’il pouvait mais n’avait pu jouer le rôle de confidente comme l’aurait fait sa mère. Il ne s’était jamais confié à son père sur l’amour qu’il vouait à Lyssandre. Ce dernier l’avait découvert lorsque Lucellus avait tenté d’empêcher les soldats du roi de l’emporter. Il avait failli mourir pour elle et c’était la plus belle preuve qu’il aurait pu lui faire.
Son père et lui arrivèrent dans la rue. Lucellus se cachait les yeux tant la lumière du soleil l’éblouissait. Ils marchaient lentement, le fils s’appuyant contre son père. Tous les villageois qui étaient dans la rue les regardaient comme si ils voyaient un fantôme. Tous le croyaient mort, son père ne leur ayant rien dit. Personne n’osait s’approcher ou briser le silence. Même un enterrement aurait été plus bruyant. Lucellus, qui s’était habitué à la lumière, les dévisagea tous. Il lâcha son père et se tint seul, debout face à l’assemblée plus nombreuse encore. Il leur adressa la parole d’une voix rauque.

- Regardez-vous tous ! Vous me fixez comme si vous voyiez un revenant. En ai-je l’air ? Non, pas le moins du monde. Je suis en chair et en os comme vous. J’ai survécu à la blessure qui m’a été infligée grâce aux soins de mon père. Pas un de vous n’avez tenté d’empêcher les soldats du roi d’emporter Lyssandre, la fille du boucher. Vous vous êtes tous cachés dans vos maisons. Vous m’écœurez tous autant que vous êtes. Et je maudis Tanas, ce roi cruel. Je ne serai plus un de ses sujets.

Ils le regardaient tous bouche-bée, même son père. Dans ses yeux brillait une flamme qui était la haine qu’il ressentait envers le roi. Pour les villageois, il n’éprouvait plus que mépris. Un vieil homme qui n’était pas du village s’approcha et lui adressa la parole à voix basse.

- Quelles paroles enflammées qui vous coûteraient l’échafaud si ses soldats étaient là. Les pensiez-vous vraiment ces mots ? Si c’est le cas, j’ai des informations qui pourraient vous intéresser. Mais tout d’abord, je me présente. Mon nom est Libartus. Je suis un conteur qui va de villages en villages. Et j’y glane des informations sur les nouvelles du royaume.

Lucellus écoutait attentivement ses paroles. Il lui fit oui de la tête et l’entraîna avec lui à l’intérieur de la forge, à l’écart des villageois.

- Oh que oui, ces mots étaient le reflet de ma pensée. Dites moi ce que vous savez. Allez-y ! Je vous écoute.

Libartus sourit devant tant d’empressement. Il regarda intensément Lucellus comme si il voulait lire en lui.

- Tout doux jeune homme. Je me suis présenté à toi mais tu ne m’as même pas dit ton nom. Tout ce que je peux deviner, c’est que tu es forgeron.

Il souriait toujours et attendait que le jeune forgeron se présente. Lucellus grimaça puis prit la parole.

- Pardonnez-moi ! Je veux tant entendre ce que vous avez à me dire que j’en oublie la politesse. Je suis Lucellus, forgeron comme mon père et c’est sa forge ici.

Le vieillard fut surpris en entendant le nom du jeune homme. Cela le plongea dans une si intense réflexion qu’il en oublia la présence de Lucellus. Celui-ci le regardait et attendait qu’il lui donne les informations qui pourraient l’intéresser. Il patienta un quart d’heure et en eut assez. Il tapota sur l’épaule de Libartus et lui parler.

- Monsieur, réveillez-vous ! Vous devez me donner des informations et cela fait un moment que j’attends. Dites moi ce que je veux savoir, je vous en prie.

Libartus sortit de sa torpeur et regarda Lucellus d’un air différent. Son regard paraissait plein de vénération pour le jeune forgeron. Il fit un léger signe de la tête.

- Excusez mes errances, je repensais à une très vieille légende. Mais ce n’est pas de cela dont je veux vous parler. J’ai appris dans le village précédent que Tanas a tué toutes celles qu’il n’a pas choisi. Et celle qu’il a choisi, c’est Lyssandre, la fille du boucher. Le mariage aura lieu dans deux semaines, le jour du solstice d’été. La cérémonie aura lieu sur le parvis de la cathédrale afin que le peuple puisse y assister en masse.

Lucellus passa de la tristesse à la haine, avec une étape de soulagement. Il voulait retrouver Lyssandre et tuerait le roi Tanas pour y parvenir. Il regardait sans le voir Libartus, plongé qu’il était dans ses désirs de meurtre. Le vieillard rompit le silence et sortit le jeune homme de ses pensées.

- Vous brûlez d’un tel feu. Vous voulez tant attenter à la vie de Tanas ? Puis-je vous révéler ce qui m’a tellement troublé tout à l’heure ? Lucellus, vous êtes voué à un destin formidable.

Le jeune forgeron regardait Libartus, troublé par la dernière phrase qu’il lui avait dit. Que pourrait bien avoir de formidable sa destinée ? Cette question se répétait dans son esprit. Il lança un regard interrogateur au vieillard sans dire un mot. Le vieil homme le fixait attentivement, guettant sa moindre réaction et capta son regard.

- Oui, ce que je vous ai dit est vrai. Votre destin sera hors norme. Quand vous m’avez dit votre, je me suis rappelé de ce que j’ai toujours pris pour une légende. En réalité, ce n’en est pas une, je l’ai compris maintenant. C’est une prophétie, et vous en faites partie.

Lucellus était profondément intrigué par ces paroles. Il en attendait plus que ce que venait de lui dire Libartus. Il laissa une minute s’écouler mais le vieillard ne semblait pas prêt à lui en dire plus.

- Je vous en prie ! Dites-m’en plus ! Que peut raconter cette prophétie et qui aurait un impact sur mon destin ?

Libartus semblait amusé par tant de curiosité de la part du forgeron. Il prit une profonde inspiration comme lorsqu’il racontait ses histoires dans les villes et villages.

- Puisque vous avez l’air de vouloir en apprendre plus encore. Ouvrez bien grandes vos oreilles jeune homme. Je vais vous raconter les grandes lignes de cette prophétie. Etes-vous prêt ?

Lucellus était pendu à ses lèvres. Il était tout ouï. Il fit un signe affirmatif de la tête. Le vieil homme souriait en se remémorant la prophétie.

- Lorsqu’un roi cruel cherchera à prendre comme épouse la femme à la rose de fer, le forgeron se soulèvera et le renversera. Son nom sera semblable à celui d’un ancien dieu. Le royaume entrera alors dans une erre de pays durable.

Le vieillard se têt et attendit les questions de Lucellus. Celui-ci ne tarda pas à en poser.

- Comment cela peut-il être possible ? Je n’ai forgé la rose de fer il n’y a pas plus d’un mois. De plus, je l’ai faite sans en parler à quiconque.

Lucellus guettait la réponse de Libartus. Celui-ci haussa les épaules et les bras en l’air avant de les rabaisser.

- C’est ce qu’on appelle le destin. Tout ce qui doit advenir est écrit depuis la nuit des temps. Personne, pas même les puissants n’échappent à leur destinée. Comme le dit la prophétie, la tienne sera formidable.

Le vieil homme posa sa main sur l’épaule du jeune forgeron et lui fit un sourire chaleureux. Il sortit une pierre de son sac et la tendit au jeune homme.

- Tenez ! Prenez-le ! C’est un métal tombé du ciel que j’ai trouvé. Il vous faut une épée alors forgez-la avec ceci.

Lucellus prit le morceau de métal, inclinant la tête pour remercier Libartus. Il le posa près de la forge éteinte depuis deux semaines. Il serra amicalement la main du vieillard puis lui dit adieu en le raccompagnant à la sortie. Une fois seul, il s’assit sur l’enclume et réfléchit à tout ce qu’il venait d’apprendre.
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MessageSujet: Re: La rose et l'épée   La rose et l'épée Icon_minitimeVen 14 Nov - 12:29

*
**


Lyssandre était toujours assise, seule, sur le rebord de la fenêtre. Ses larmes s’étaient taries. Ses yeux étaient rougis, brillants et secs tant elle avait pleuré. Elle parlait à haute voix et s’adressait à la rose de fer.

- Il est mort, tué par les soldats de ce tyran. Que j’aimerais qu’il ne m’ait pas choisi et qu’il m’ait fait abattre. J’aurais retrouvé ton créateur. Il m’aurait couverte de caresses comme il l’a fait sur toi ma belle rose. Je l’aime tant mon doux forgeron. Ô mon beau Lucellus, si seulement tu m’avais offert plus que cette rose en signe de ton amour. J’aurais voulu l’embrasser avant qu’il ne me soit arraché par ces soldats. Que je hais Tanas et ses hommes. Ils sont aussi cruels que lui. Que la vie est injuste.

Elle caressait les pétales de la rose de fer, le cœur noté sous son chagrin, et soupirait à son avenir qui s’annonçait sombre et triste. Elle regrettait de ne pas avoir pu mieux connaître celui qu’elle aimait, le forgeron de son cœur, Lucellus.

*
**


La journée s’était écoulée et le soleil se couchait à présent. Lucellus avait longuement réfléchi à tout ce que Libartus lui avait dit. Il s’était décidé à accepter son destin. Il alluma la forge et attendait qu’elle soit chaude. Il déposa le morceau de métal dans le feu et prépara ses outils. Il s’activait à attiser les flammes. Il voulait que son fourneau soit aussi chaud que le brasier de l’enfer. Le métal était enfin rouge. Il l’attrapa avec une pince et le déposa sur l’enclume. Il se saisit de son marteau et frappa de toutes ses forces. Il travaillait avec acharnement et après avoir chauffé à de nombreuses reprises le métal, il réussit à lui donner la forme qu’il voulait, celle d’une épée. Il trempa et réchauffa l’épée plus de six cent fois. Lorsqu’il eut fini, il affuta sa lame avec sa meule jusqu’à la rendre plus tranchante qu’un rasoir. Il l’essayait lorsque son père entra dans la forge en portant deux tasses d’un liquide fumant et parfumé. Le soleil s’était levé depuis deux bonnes heures. Lucellus avait travaillé toute la nuit et avait réalisé un bijou. Il lui tendit une des deux tasses.

- Bonjour mon fils ! Tu as travaillé toute la nuit ? Bois ça ! Ca te fera du bien, c’est de l’eau chaude avec une mare de goutte de pays.

Il regardait son fils avec fierté et admirait l’épée.

- C’est une magnifique épée que tu as fait là. Lui as-tu donné un nom comme il est de coutume pour les bijoux comme celle-ci ?

Lucellus resta un moment silencieux. Il cherchait le nom qu’il allait donner à son épée. Après une intense minute de réflexion, il se décida.

- Elle s’appellera Garyssandriel. De cette lame, je compte suivre mon destin. Libérer Lyssandre ma bien-aimée, et tuer le cruel roi Tanas. Père, je partirais aujourd’hui même pour rejoindre le château du roi.

Son père le regardait avec une pointe de tristesse dans les yeux. Il ne pouvait imaginer son fils, à peine rétabli, courir vers une mort certaine. Il essaya de le dissuader de partir si tôt.

- Fiston, ne crois-tu pas qu’il est encore trop tôt pour que tu partes à l’aventure ? Tu es bien trop faible encore. Attends encore quelques semaines, je t’en prie. Je ne veux pas te voir courir à ta mort. Je n’ai plus que toi mon fils.

Lucellus baissa la tête, ne pouvant supporter le regarde de son père. Il avait déjà pris sa décision et rien ne le ferait changer d’avis.

- Père, ne sois pas si triste. Je ne compte pas mourir. Mais je ne peux attendre sinon il sera trop tard. Aie confiance en ma force et en ma lame Garyssandriel. Je dois empêcher le m ariage et libérer Lyssandre, ma bien-aimée. Le royaume ne s’en portera que mieux sans le cruel roi Tanas. Père, sois fier de ton fils et soutiens moi. Je partirai cette nuit.

Lucellus enlaça son père affectueusement puis fit ses préparatifs. Il emballa avec soin son épée dans un écrin de tissu. Il glissa son manteau et ses outils dans son sac et y mit du pain et une gourde d’eau. Ses affaires préparées, il alla s’allonger et s’endormit rapidement.

*
**


Lyssandre était toujours enfermée dans sa chambre. Elle se lamentait toujours sur son sort. Elle ne voulait pas se marier avec Tanas mais à part la mort, elle n’avait trouvé aucune échappatoire. Elle avait tant pleuré qu’elle n’avait plus de larmes à verser. Elle tenait toujours contre son cœur la rose de fer, symbole de l’amour que lui vouait Lucellus le forgeron.
Tout à coup, la porte s’ouvrit et la sinistre silhouette de Tanas apparut dans l’ouverture. Son regard trahissait son enivrement avancé et il tenait dans sa main une coupe de vin. Il adressa un sourire carnassier à la jeune femme. Sa bouche ouverte laissait voir une dentition clairsemée, signe d’un manque total d’hygiène ainsi que de nombreux coups reçus. Ses joues étaient traversées de longues balafres. Son nez était tordu et après avoir été brisé par le passé. Ses cheveux mi-longs étaient ébouriffés et ne devaient jamais avoir été démêlés.
Tanas s’approcha lentement, regardant avec envie Lyssandre. Il la trouvait si belle, si désirable qu’il ne voulait attendre le mariage pour la gouter. Il posa sa main sur sa joue si douce, voulant la caresser. Elle repoussa sa main, se recula et le regarda avec dégout. Il lui lança un regard mécontent.

- Allons ma promise, ne fais pas ta sainte nitouche. Tu es comme toutes les filles de joie, j’en suis sûr. Tu as bien du déjà batifoler avec les villageois de ton trou perdu. Viens ici et tout de suite.

Il l’attrapa avec brutalité par le poignet et lui envoya une violente gifle. Sa tête recula sous le choc et sa joue devint toute rouge. Elle lui jeta un regard haineux puis lui planta sa rose de fer dans le ventre. Il grimaça de douleur et la jeta contre le mur où elle s’assomma avant de retomber lourdement sur le sol, inconsciente. Tanas jeta la rose de fer par terre et tourna les talons. Il quitta la chambre en se tenant le ventre et claqua la porte derrière lui.
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MessageSujet: Re: La rose et l'épée   La rose et l'épée Icon_minitimeMar 18 Nov - 13:34

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La nuit était tombée. Lucellus se réveilla, en pleine forme, après avoir dormi toute la journée. Il se leva et rencontra son père dans la cuisine. Il s’assit près de lui et posa sa main sur son bras.

- Père, vous ne dormez pas encore ? Pourquoi ? C’est de ma faute, c’est cela ?

Lucellus regardait son père en grimaçant. Son père avec l’air pensif. Il était assis depuis quelques heures cherchant un moyen d’empêcher son fils de partir vers une mort certaine. Il n’avait pourtant aucune solution qui ne soit pas de l’égoïsme pur.

- Fiston, j’ai longuement réfléchi. Si tu sais ce que tu fais, je te fais confiance. Pars avec ma bénédiction et reviens en vie accompagné de celle que tu aimes. Mais avant cela, prend bien conscience de ta très faible expérience quant au maniement de l’épée car tu auras à faire à des soldats entrainés et au roi Tanas qui n’a jamais perdu épée à la main.

Lucellus fit un grand sourire à son père, heureux d’avoir son accord. Ca l’aurait attristé de partir comme un fuyard sans pouvoir lui dire au revoir. Il se leva et tourna le dos à son père.

- Merci père. Si tu savais combien tu me remplis de joie en me donnant ta bénédiction. Tes conseils ne sont pas tombés dans les oreilles d’un sourd. Je dois y aller. A pied, il me faudra une semaine pour atteindre le château et je dois y être avant le mariage. Je te dis donc au revoir père.

Lucellus laissa son père seul dans la cuisine et il se dirigea vers la porte d’entrée. Il prit son sac et le passa en bandoulière, la poignée de Garyssandriel dépassant du sac. Il ouvrit la porte et s’engouffra dans la nuit en levant les yeux au ciel. Les étoiles étaient brillantes et nombreuses, la lune pleine et pâle. Il prit la direction de la sortie du village. Tous les habitants dormaient sauf son père qui était toujours assis dans la cuisine et qui pleurait à chaudes larmes.

*
**


Lyssandre reprit connaissance. Sa tête lui faisait atrocement mal. Une mare de sang séché recouvrait le sol à l’endroit où sa tête était posée. Elle glissa sa main dans ses cheveux. Ils étaient tout poisseux et elle toucha une plaie, ce qui lui provoqua un pic de douleur. Elle se releva en prenant appui contre le mur. Sa tête tournait. Elle resta un moment adossée contre le mur, le temps que ça passe. Elle chercha des yeux sa rose de fer et la vit, parterre près du lit. Elle s’en approcha doucement puis se laissa tomber à genou, près du lit. Elle ramassa sa rose et la serra contre son cœur. Elle resta assise de longues minutes avant de se relever pour rejoindre la fenêtre. Elle ouvrit la fenêtre et s’accouda au rebord. Elle fixait les étoiles, perdue dans ses pensées, et caressait du bout des doigts sa rose de fer. Elle voyait le temps défiler. Cela la rapprochait chaque seconde un peu plus de son mariage avec le cruel Tanas. Et cela l’horrifiait. Elle ne voulait pas de ce mariage et pensait de plus en plus à mettre fin à ses jours pour y échapper. Elle souhaitait tant retrouver celui qu’elle aimait. Celui qu’elle avait vu gisant dans son sang, devant la boucherie de son père. Elle ne voyait donc plus rien qui la rattachait à la vie.

*
**


Lucellus se retourna, quinze minutes après être parti, mais il faisait si sombre qu’il ne voyait pas à plus de dix mètres. Tout autour de lui n’était qu’obscurité. Il reprit sa marche en direction du château. Il avançait à pas lent car la route ne lui était que très peu visible. Il laissait son esprit vagabonder mais ses pensées finissaient toujours par revenir vers celle dont il était épris. Il tenait la poignée de son épée Garyssandriel, prêt à la sortir de son sac s’il devait faire face à quelque danger que ce soit. Il aperçut tout à coup une faible lueur dansante à une centaine de mètres devant lui. Il s’en approcha à pas de loup. Arrivé à une vingtaine de mètres, il reconnut Libartus avec qui il s’était entretenu la veille. Celui-ci le reconnut et le salua alors qu’il était encore trop à l’écart pour être suffisamment éclairé.

- Bonsoir jeune Lucellus ! C’est une belle nuit pour se promener, vous ne trouvez pas ? Où allez-vous ? Attendez ! Laissez-moi deviner. Vous avez un mariage à empêcher au château. C’est cela ?

Lucellus était étonné de retrouver le vieillard sur sa route au beau milieu de la nuit. Il acquiesça de la tête à ce quel Libartus lui disait.

- Bonsoir Libartus ! Que faites-vous ici en plein cœur de la nuit ? Vous êtes insomniaques ?

Le vieil homme laissa un petit rire s’échapper et fit un grand sourire au jeune forgeron.

- Ho que non, je ne suis pas le moins du monde insomniaque. J’ai juste envie d’être au bon endroit au bon moment pour voir un jeune forgeron se lever contre la tyrannie d’un roi cruel. Ca sera un spectacle grandiose je pense. Puis-je me joindre à toi dans ta marche vers ton destin ?

Lucellus n’était pas contre de la compagnie et la torche de Libartus simplifierait sa progression. Il lui fit un léger sourire et accepta qu’il se joigne à lui. Ils reprirent leur marche, ensemble, éclairés par la torche du vieillard. Libartus contait des histoires et Lucellus les écoutait attentivement.

*
**


Lyssandre avait quitté la fenêtre et s’était installée au bureau, à l’opposé du lit. Uniquement éclairée par la flamme dansante d’une bougie, elle écrivait une lettre d’adieu à ses parents. Elle avait décidé de quitter ce monde où son avenir était enfermé entre quatre murs avec une fenêtre pour unique porte sur le monde extérieur. Elle ne voulait pas d’une vie de regrets et de chagrin, mariée à l’homme le plus cruel qu’ait jamais connu ce royaume. Dans sa lettre, elle couchait ses pensées sur papier à l’aide d’une plume d’oie. Elle y écrivait qu’elle avait perdu l’homme qu’elle aimait, Lucellus le forgeron. Elle y demandait à ses parents de ne pas être tristes pour elle, que c’était sa délivrance, la fin de sa peine. Lorsqu’elle eut fini, elle se servit de la tige pointue de sa rose de fer pour se piquer le doigt et signa ses adieux de son sang. Elle plia la lettre et la scella avec la cire de la bougie. Elle la posa bien à plat sur le bureau puis alla s’allonger sur le lit. Elle ferma les yeux et son esprit vagabonda de pensées en pensées. Elle finit par s’endormir et sombrer dans le monde des rêves.
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MessageSujet: Re: La rose et l'épée   La rose et l'épée Icon_minitimeMer 26 Nov - 19:12

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- Il y a fort longtemps, dans un royaume maintenant disparu, vivait un roi qui avait quatre filles toutes plus belle l’une que l’autre. Le roi les aimait plus que tout au monde. Elles étaient ses émeraudes. Dans ce royaume, il y avait un sorcier très puissant qui vivant au milieu d’une sombre forêt où personne ne s’aventurait jamais. On racontait que tous les arbres de cette forêt étaient des hommes et des femmes qui avaient été transformés par le sorcier. Le sorcier vint un jour trouver le roi et lui demanda de lui donner la main de l’une de ses filles en échange de la jeunesse éternelle.

Libartus se tut, reprenant un peu son souffle. Il n’avait pas l’habitude de conter des histoires en marchant, et de surcroit la nuit. Lucellus tourna la tête vers lui, le regard brillant. Il voulait connaître la suite de l’histoire.

- Et que répondit le roi ? Dites moi, je vous en supplie. Ne laissez pas s’installer le suspense, je n’aime pas ça.

Libartus éclata de rire et tapota l’épaule du jeune forgeron.

- Allons, jeune homme ! Laissez le temps à un vieillard comme moi de reprendre son souffle. De plus, cela fait parti de l’art de conter une histoire que de garder les auditeurs suspendus à ses lèvres. Mais bon, je vous raconte la suite maintenant.

Lucellus souriait de contentement et ouvrit grand ses oreilles. Libartus reprit son histoire alors qu’ils continuaient de marcher à la lueur de leur torche.

- Le roi répondit que jamais, il n’accorderait la main d’une de ses filles à un être aussi mauvais que lui. Le sorcier entra dans une rage folle. Le roi prit peur pour ses filles et courut dans les escaliers pour rejoindre la cour où elles jouaient toutes les quatre. Lorsqu’il arriva enfin dans la cour, ses quatre filles avaient laissé place à quatre saules-pleureurs. Le roi tomba à genou au milieu des arbres qui étaient ses filles peu de temps encore auparavant. Le sorcier regardait la scène, un rictus mauvais aux lèvres, puis il éclata d’un rire qui résonna dans tout le château. Fou de rage, le roi se releva et sortit son épée de son fourreau. Il ne crut pas le sorcier quand celui-ci lui dit que sa mort ne romprait pas le maléfice et il le décapita. Par ce geste, il venait de condamner ses filles à passer l’éternité sous la forme d’arbres. Complètement désespéré, le roi se donna la mort en s’embrochant sur son épée. Le royaume se trouva sans souverain ni héritier et il s’ensuivit une longue guerre entre les nobles du pays. Ils ne firent que provoquer la chute du royaume. Maintenant, il ne reste plus que des ruines de ce château et dans ce qui en était la cour trônent quatre majestueux saules-pleureurs.

Libartus venait de finir son histoire. Il reprenait son souffle en attendant les réactions de Lucellus. Celui-ci avait les larmes aux yeux tant cette histoire l’avait touché et il était bien incapable de parler. Un silence s’installa alors qu’ils continuaient lentement leur chemin vers le château du roi Tanas.

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Lucellus était assis avec Lyssandre. Ils se tenaient par la main et se regardaient niaisement. Ils faisaient face à une foule de badauds qui les contemplaient et les applaudissaient. Ils étaient vêtus de longues traînes rouge et portaient tout deux une couronne. Ils venaient d’être sacrés reine et roi et siégeaient sur des trônes. Le roi Tanas avait été jeté à bas de son trône et tué par le forgeron. Lyssandre était heureuse de partager enfin sa vie avec celui qu’elle aimait, Lucellus. Elle ferma les yeux pour savourer ce bonheur qu’elle avait enfin trouvé.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle était couchée dans son lit, seule. Elle s’était endormie après avoir écrit sa lettre d’adieu à ses parents. Tout ce qu’elle avait vu n’était qu’un rêve. Aussi beau soit-il, ce n’était pas la réalité qui, elle, était bien plus triste que ce qu’elle aurait voulu. Mais ce rêve fit naître un léger espoir en son cœur, celui que Lucellus pouvait ne pas être mort. Ce rêve serait peut-être prémonitoire si c’était le cas. Elle souriait à cette idée, couchée qu’elle était sur son lit.

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Libartus et Lucellus étaient assis à l’orée d’un bois, ne voulant pas le traverser de nuit. Ils avaient allumé un petit feu de camp et buvaient chacun leur tour au goulot d’une bouteille de vin. Une sincère amitié s’était installée entre eux. Le vieillard se plaisait à raconter les histoires du passé qu’écoutait avec joie le jeune forgeron. Ce que ne savait pas Lucellus, c’est que toutes ces histoires avaient pour but de le préparer à accomplir sa destinée le plus justement possible car il devrait prendre la tête du royaume. Libartus avait vu tant de jeunes idéalistes pester contre la cruauté du roi et il avait enfin trouvé celui qui allait mettre un terme à cette tyrannie. Il se rappelait de la prophétie afin de chercher tout ce qui pourrait être utile à Lucellus. Il se souvint que le lieu de l’affrontement figurait dans la prophétie. Le combat aurait lieu dans l’église où devait avoir lieu le mariage. Il le révélerait au jeune homme en temps voulu. Pour le moment, il devait tester la dextérité du forgeron à l’épée. Mais avant cela, il leur fallait dormir un peu.

- Lucellus, si nous dormions un peu, qu’en penses-tu ?

Le jeune homme n’avait pas encore très envie de dormir mais il savait qu’il leur fallait traverser la forêt de journée donc il acquiesça et il s’allongea à même le sol, la tête posée sur son sac. Libartus fit de même et ils s’endormirent en laissant le feu de camp finir de se consumer.
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MessageSujet: Re: La rose et l'épée   La rose et l'épée Icon_minitimeVen 5 Déc - 13:32

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Lyssandre, pleine de cet espoir retrouvé, ne pouvait plus abandonner lâchement ce monde. Elle jeta la lettre d’adieu qu’elle avait écrite à ses parents dans la cheminée. Elle devait espérer que Lucellus la libèrerait de Tanas avant le mariage car elle ne voulait pas épouser un monstre tel que lui. Elle s’agenouilla près du lit, les mains croisées, et pria que son amour la délivre. La rose de fer, posée sur le bord du lit, jouait avec la lumière des flammes de la cheminée en les reflétant. A l’extérieur, le soleil pointait son nez et dardait ses premiers rayons à l’horizon. Il était encore tôt mais pourtant des pas s’approchaient de la porte. Celle-ci s’ouvrit sur une femme de chambre portant un plateau. Elle fit sursauter Lyssandre qui se releva en la fixant du regard. La servante posa le plateau sur la table avant de quitter la pièce, les yeux rivés au sol sans dire un mot. Celui-ci contenait un bol de lait, une grosse tranche de pain et un morceau de viande, surement des restes de la veille. Lyssandre mourrait de faim et s’empiffra aussi bien du pain que de la viande et elle but son bol de lait d’une seule et longue traite. Ainsi repue, elle alla s’accouder au rebord de la fenêtre et laissait le vent frais du matin caresser son visage. Elle ferma les yeux et se mit à chanter de sa belle et mélodieuse voix cristalline. Son chant narrait une belle histoire d’amour entre un paysan et une princesse. Les rayons du soleil illuminaient son visage.

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Lucellus marchait aux côtés de Lyssandre, main dans la main, au milieu d’une foule gigantesque. Ils venaient de se marier. Ils étaient heureux. La foule hurlait à tue-tête : « Vive le roi Lucellus et la reine Lyssandre ». Ils étaient tous les deux les souverains du royaume libéré de la cruauté de Tanas. Lyssandre portait une magnifique robe de mariée blanche aux très nombreuses dentelles et munie d’une traine sans fin que tenaient des jeunes filles. Lucellus, quand à lui, était vêtu de chausses bleu ciel et d’un pourpoint blanc et un manteau royal rouge recouvrait ses épaules et lui arrivait aux chevilles. A sa taille, pendait Garyssandriel son épée, dans un fourreau de cuir serti de rubis. Ils avançaient majestueusement lorsqu’une flèche vint se planter dans le cœur de la jeune mariée. Elle s’effondra à terre, sur le dos, sans vie. Sa robe blanche se teintait du rouge de son sang. Lucellus tomba à genou, les yeux pleins de larmes, anéanti par ce soudain coup du destin.

Il se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Ce n’était qu’un rêve. Le soleil dardait ses rayons à l’horizon. Il n’avait dormi que quelques heures. Assis en face de lui, Libartus le regardait fixement.

- Allons mon garçon, que se passe-t-il ? As-tu fait un cauchemar ? Dis moi tout que je vois si je peux t’être utile.

Le jeune homme s’assit face au vieillard et lui raconta dans les moindres détails. Une lueur apparut dans le regard du vieil homme. Celui-ci pouvait apporter une explication au forgeron.

- C’est ce que l’on appelle un rêve prémonitoire. C’est ce qu’il adviendra dans un futur plus ou moins proche. Ton rêve est à la fois un signe d’espoir et de malheur. Ta lutte contre Tanas te verra l’emporter mais au prix d’un dur sacrifice, la mort de celle que tu aimes.

Libartus grimaça à ses mots et jeta un coup d’œil à Lucellus qui semblait plonger dans une intense réflexion. Le forgeron sortit de ses pensées et s’adressa au vieillard.

- Si je ne vais pas au château et que je ne tue pas Tanas, ma bien-aimée restera en vie. Je préfère la savoir en vie sans qu’elle soit à mes côtés plutôt que de causer sa mort. La douleur me sera plus supportable.

Le vieil homme paraissait mécontent d’entendre de pareilles paroles. Il faisait un signe négatif de la tête.

- Ne soyez pas aussi bête jeune homme. Vous ne pouvez faire preuve d’autant d’égoïsme. De vos actes dépendent les vies de milliers d’homme et de femme. Prenez vos responsabilités et agissez en conséquence. Je vous accompagnerai jusqu’au bout du chemin.

Il faisait un sourire chaleureux au jeune homme. Il savait que ses mots avaient atteint leur but et s’étaient ancrés dans l’esprit de Lucellus. Celui-ci ferait le bon choix, il le savait.

- Pardonnez mon égarement, je n’avais pas réalisé que j’avais tant de vies entre mes mains. J’irai là où je dois me rendre mais vos conseils me seront fort utiles. Vous en savez plus que moi sur tout. Ne perdons pas de temps ! Allons-y !

Il avait fait le choix qu’il fallait et Libartus en était heureux. Ils se levèrent et rangèrent leurs affaires. Lorsque ce fut fait, ils s’engagèrent sans dire un mot entre les arbres de la forêt qu’ils devaient traverser.

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Dans sa salle du trône, Tanas, qui était déjà réveillé, était assis les yeux dans le vague, une main sur son ventre. Il repensait à ce qu’il s’était passé la veille lorsque Lyssandre lui avait planté sa rose de fer dans le ventre. Il trouvait qu’elle avait du caractère mais il saurait la dompter et la rendre docile à souhait. Et avant le mariage, il l’aurait prise avec violence si nécessaire. Il se mit à sourire à cette idée. Décidément, il n’y avait aucune trace de bonté ou de douceur en lui. Son visage aurait pu être beau si il ne transpirait pas autant de méchanceté ni de cruauté. Il avait les épaules larges et les bras musclés sous son pourpoint noir. Il se leva et sortit de la pièce. Il avait l’air décidé et ses yeux jetaient des éclairs. Il se dirigeait vers les cuisines où il prit une bouteille de vin. Il la buvait tout en se dirigeant vers la chambre de Lyssandre.
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MessageSujet: Re: La rose et l'épée   La rose et l'épée Icon_minitimeMar 9 Déc - 18:49

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La porte s’ouvrit d’un coup, en grand sur Tanas. Il entra en cherchant du regard Lyssandre. Celle-ci, qui avait sursauté lorsque la porte s’était ouverte, se tenait contre le mur, agenouillé, la peur se lisant dans ses yeux. Le roi la vit et vint se planter devant, la surplombant de tout son haut. Il n’y avait pas la moindre trace d’amour dans ses yeux pour celle qu’il devait épouser. Il l’attrapa par les cheveux et la força à se relever. Elle ne put faire autrement que de se mettre debout tant la douleur était grande. Tanas lui tapa la tête au mur et lui hurla au creux de l’oreille.

- Plus jamais tu ne recommenceras ce que tu as fait. Tu as compris ? Je vais t’apprendre les bonnes manières. Je vais te dresser comme il se doit.

Pour accompagner ses paroles, il envoya une violente claque dans le beau minois de Lyssandre. Il laissa une grosse marque rouge sur sa joue. Elle se la tenait en pleurant à chaudes larmes. Tanas la laissa plantée où elle était et quitta la chambre. Avant de refermer la porte, il lança un avertissement à la jeune femme.

- Je reviendrai et n’hésiterai pas à te brutaliser tant que tu ne seras pas docile.

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En plein cœur de la forêt, Lucellus et Libartus marchaient lentement en explorant les alentours du regard. Les yeux du jeune homme s’arrêtèrent sur un loup au pelage blanc. L’animal le regardait de ses grands yeux bleus et restait immobile à une vingtaine de pas d’eux. Le forgeron s’arrêta net sans lâcher des yeux le loup. Libartus fit de même en découvrant ce que fixait le jeune forgeron. De longues minutes s’écoulèrent durant lesquelles seul le chant des oiseaux troublait le silence. Après un moment d’observation qui parut une éternité, le loup inclina la tête en signe de soumission à Lucellus puis tourna le dos aux deux hommes. D’un saut, il disparut hors de leur vue derrière des buissons. Ils sortirent de leur immobilisme après cette étrange expérience et se regardaient les yeux hagards. Libartus rompit le silence et se mit à parler d’une voix qui trahissait son excitation.

- Encore un des signes dont parle la prophétie. Un loup blanc croisera le chemin du forgeron et le reconnaitre comme digne d’être un chef. Ca ne fait que confirmer que vous avez un destin hors du commun.

Lucellus ne partageait pas le moins du monde son excitation. Il se rappelait les paroles de son père. Celui-ci lui avait signalé que sa maitrise de l’épée était loin de valoir celle du roi Tanas. Il réalisait maintenant qu’il lui fallait s’entrainer sinon la prophétie ne se réaliserait pas.

- Tout ceci est bien beau Libartus mais je ne sais absolument pas me battre l’épée à la main. Je n’ai aucune chance contre le roi Tanas. Il va me massacrer. Votre prophétie n’aura plus aucun sens pour quiconque après cela.

Le vieillard grimaça. Son enthousiasme venait d’être refroidi brutalement. Il était revenu à la réalité.

- Jeune homme, nous allons remédier à cela. Je vais vous aider. Vous manierez l’épée avec la même dextérité que votre marteau. Je ferais tout pour.

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Lyssandre n’avait pas cessé de pleurer en implorant silencieusement le ciel pour que Lucellus vienne la délivrer. Son espoir qu’il soit vivant était devenu une certitude. Elle serrait la rose de fer contre son cœur comme elle aimerait que le forgeron fasse avec elle. Les yeux pleins de larmes, elle regarda le ciel bleu qu’aucun nuage n’entachait. Elle comptait les jours avant son mariage car elle avait décidé de faire ce qu’il faudrait pour ne pas épouser le cruel Tanas si Lucellus ne la libérait pas avant. Elle devait faire preuve de résistance face aux coups que pourrait lui porter le roi. Elle ne craquerait pas. Elle serait forte. Du moins l’espérait-elle. Elle sécha ses larmes, respira profondément appuyée sur le rebord de la fenêtre. Elle entonna un chant bien triste où les deux héros périssaient pour préserver leur amour.

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Au beau milieu du bois résonnaient des branches que l’on cognait l’une contre l’autre. C’était Libartus qui aidait Lucellus à s’exercer à l’épée. Il lui prodiguait ses conseils comme si il était un maitre d’armes alors que ce n’était qu’un conteur. Lucellus essayait en vain de le désarmer ou de le toucher mais celui-ci faisait preuve d’une agilité forte surprenante pour une personne aussi âgée. Le jeune homme en venait à s’interroger sur le passé de son compagnon. Il s’essouflait à frapper dans le vide et transpirait à grosses gouttes. Il fit une pause et s’appuya sur son bâton, reprenant son souffle. Lorsqu’il eut récupéré, il interrogea le vieillard sur son passé.

- Libartus, dites-moi ! Vous n’avez pas été conteur toute votre vie, n’est-ce pas ? Vous maniez l’épée comme un combattant aguerri. Qu’avez-vous fait par le passé pour maitriser ainsi le combat à l’épée ?

Le vieillard sourit vaguement puis se plongea dans ses souvenirs de jeunesse. Il se rappela cette période de sa vie qui était si lointaine pour lui. Il avait connu de sombres années qui l’avaient rendu ainsi habile à l’épée.

- Hé bien, c’est exact oui. Je n’ai hélas pas toujours été conteur. Lorsque j’avais ton âge à peu près, j’étais un jeune utopiste qui rêvait d’un monde sans guerre ni tyrannie. J’allais à travers le royaume et aidais les personnes à régler leurs différends. C’était pas grand-chose je sais mais je contribuais à ma manière à une paix qui malheureusement ne dura pas. Une guerre éclata avec le royaume voisin. Des sergents furent envoyés à travers tout le pays pour enrôler tous ceux en âge de combattre. Je me retrouvais ainsi contre mon gré dans l’armée du roi. En deux semaines, ils nous apprirent les rudiments du combat et nous jetèrent en première ligne armés d’une épée et d’un bouclier pour seule protection. Je fus prix d’une folle envie de vivre et sans m’en rendre compte, je tuais ceux qui se présentaient devant moi. J’ai survécu à cette guerre et ils voulurent que j’en fasse mon métier. J’ai refusé bien évidemment. J’ai vu trop d’horreur pour continuer. Je suis parti, allant de villages en villages. Je racontai les histoires que j’avais apprises des vétérans mais jamais je ne parlais de la guerre que j’ai vécue. Je n’ai jamais retouché une épée depuis mais je n’ai pas oublié ce que j’avais appris.

Le vieillard avait le visage bien triste de s’être rappelé cette sombre période de sa vie. Le jeune homme n’aurait jamais soupçonné que son compagnon de voyage ait pu connaitre les horreurs de la guerre. Il resta silencieux ne sachant que dire.
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MessageSujet: Re: La rose et l'épée   La rose et l'épée Icon_minitimeSam 13 Déc - 11:49

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Le chant de Lyssandre résonnait dans les couloirs du château avoisinant sa chambre, si mélodieux et si triste. Elle n’avait cessé de chanter. Ses mains pleuraient des larmes de sang. Elle avait serré si fort la rose de fer qu’elle s’en était coupée les paumes en de nombreux endroits. Ses gouttes de sang rejoignaient l’eau des douves après une longue chute. Des pas résonnaient dans la direction de sa chambre. Elle prit peur et s’arrêta de chanter. Elle se réfugia dans un coin. La porte s’ouvrit sur une servante aux bras chargés de robes. Elle entra et les posa sur le lit. Elle se tourna vers Lyssandre sans la regarder, les yeux rivés au sol.

- Le roi veut que vous mettiez une de ces robes. Il vous veut à sa table pour le repas.

Lyssandre ne répondit pas. Elle regardait sans la voir la servante. Elle ne voulait pas se joindre à Tanas pour déjeuner mais savait qu’il n’hésiterait pas à la brutaliser si elle ne s’y joignait pas. La servante se rapprocha du lit et regarda les robes.

- Voulez-vous que je vous aide à les essayer ? Celle-ci vous irait très bien.

Elle montrait une robe bleue azur. Lyssandre lui répondit sans même jeter un œil à la robe.

- Non, je vous remercie. Je la choisirai et la revêtirai toute seule.

La servante acquiesça de la tête et quitta la chambre.

*
**


Libartus et Lucellus avaient repris leur progression à travers la forêt et apercevaient enfin les derniers arbres au loin devant eux. Le vieillard n’avait pas dit un mot depuis qu’il avait parlé de son passé. Le forgeron trouvait le silence qui régnait entre eux pesant. Il voulait le rompre mais ne savait que dire. Il devait parler d’un sujet le plus neutre possible. Il décida d’échanger quelques banalités.

- Il fait lourd ce matin. Savez-vous quelle heure est-il ?

Le vieil homme leva les yeux au ciel. Il cherchait le soleil du regard à travers les branches touffues des arbres. Il l’aperçut enfin. Il était très haut, presque à son zénith.

- Il est proche de midi. Voudrez-vous faire une pause à la sortie de la forêt pour vous rassasier ?

Le jeune homme n’avait pas très faim mais mourrait de soif.

- Non, je boirais juste quelques gorgées d’eau pour me désaltérer.

Le vieillard acquiesça de la tête. Ils continuèrent de marcher silencieusement jusqu’à atteindre la sortie de la forêt. Après avoir dépassé, les derniers arbres, ils s’arrêtèrent les yeux rivés à l’horizon. Aussi loin qu’ils regardaient, ils ne virent que d’immenses prairies vertes parsemées de fleurs aux multiples couleurs. La nature était un pur émerveillement pour ceux qui la contemplaient ainsi.

*
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Lyssandre était assise sur le bord du lit. Elle ne s’était pas changée. Elle avait jeté les robes à l’autre bout de la chambre. Elle chantonnait tristement. Ses pensées étaient tournées vers Lucellus. Elle se demandait quand il viendrait la délivrer tel le prince charmant venant délivrer sa princesse comme dans les contes pour enfants.
La porte s’ouvrit sur la même servante que plus tôt dans la matinée. Celle-ci, voyant que Lyssandre n’avait revêtue aucune robe de celle qu’elle avait amenée, paniqua.

- Je vous en supplie, mettez une de ces robes sinon il va se mettre en colère et me fera fouetter. Et je n’ose penser à ce qu’il vous fera.

Lyssandre n’avait pas pensé à cette éventualité. Elle était prête à supporter les coups du roi mais elle ne pouvait laisser la servante se faire fouetter par sa faute. Elle accepta donc de revêtir la robe bleue azur comme lui avait conseillé la servante.

- Bien, je vais le faire. Pouvez-vous m’aider je vous prie ?

La servante s’approcha d’elle et l’aida à se débarrasser de sa robe sale et à revêtir l’autre.
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